Mythes et opéras… quel est le rapport entre les deux ? Certes, certains opéras sont basés sur des mythes antiques, mais y a-t-il vraiment un lien intrinsèque entre ces deux catégories éloignées dans le temps comme dans l’espace ?
Si ce site existe, c’est bien que pour moi il y a un lien, et très fort : aussi bien la mythologie que l’opéra racontent des histoires archétypales et mettent en scène divers archétypes et leurs interactions — littéralement devant nos yeux lors d’une représentation d’opéra !
Ce site parle donc d’archétypes, au sens que lui donne la psychologie des profondeurs, ou plus exactement d’images archétypales. De telles images apparaissent aussi bien dans des opéras, pour la plupart européens et datant de quelques siècles tout au plus, que dans des mythes apparus il y a plusieurs millénaires à des milliers de kilomètres de l’Europe. Les différences ne sont pas de fond, mais de forme : l’origine en des temps et des lieux différents, et bien sûr la présence de la musique qui transforme un mythe, un conte ou tout simplement une histoire en un opéra.
Ce qui relie la mythologie et l’opéra est donc aussi, ici, un angle d’approche identique : une analyse symbolique dans la lignée de la psychologie des profondeurs de Carl Gustav Jung et des analystes qui ont poursuivi son oeuvre, d’abord Marie-Louise von Franz, puis notamment, plus près de nous, Agnès Vincent et Pierre Trigano à l’École du rêve et des profondeurs.
L’approche symbolique dont il est question ici a fait ses preuves pour l’analyse de contes de fées (voir par exemple la série de livres de M.L. von Franz à ce sujet) ; elle est bien sûr tout aussi pertinente lorsqu’on l’applique à la mythologie et j’en donnerai des exemples, en commençant avec les mythes venus de Sumer notamment à propos des déesses Inanna et Ereshkigal.
En ce qui concerne l’opéra, mon propos n’est pas de commenter l’actualité des représentations lyriques, ni de faire une analyse musicale d’une oeuvre donnée, mais de dégager le sens symbolique de l’oeuvre. Là aussi, l’analyse de contes de fées fournit un modèle qui se transpose aisément à nombre d’opéras : les situations de base sont souvent des schémas classiques de contes de fées, et il est facile de reconnaître des images archétypales dans les personnages d’un opéra donné.