L’analyse symbolique d’un opéra permet de révéler un sens caché qui va parfois à l’encontre de la vision courante, et de mettre en évidence comment le message d’un opéra écrit il y a plusieurs siècles reste pertinent de nos jours et pour chacun.e : l’opéra n’est en rien un art à reléguer aux oubliettes ou réservé à une « élite ».
L’approche que je propose ici est très proche de l’analyse symbolique des contes de fées, telle qu’elle a été développée par des analystes jungiens dont une des premières et sans doute la plus connue est Marie Louise von Franz. Un certain nombre d’opéras sont d’ailleurs basés sur de tels contes ou mythes. Sans chercher à en établir une liste exhaustive, je citerai Richard Wagner qui a utilisé des légendes médiévales (Parsifal, Tristan et Isolde, …) et réécrit à sa manière une partie de la mythologie nordique (la Tétralogie) ; Richard Strauss dont une bonne partie des opéras font eux aussi appel à des mythes ou légendes antiques (Elektra, Ariane à Naxos, Daphné, …) ; Nicolaï Rimsky-Korsakov qui choisit souvent des contes russes comme base (Sadko, le Tsar Saltan, Snegourotchka, …) ; et je n’aurais garde d’oublier Puccini et sa Turandot ! Mais des situations archétypales courantes dans les contes se retrouvent aussi dans certains opéras a priori plus éloignés des contes de fées, par exemple chez Giuseppe Verdi.
Quiconque a une approche plus franchement psychologique retrouvera dans beaucoup d’opéras le poids souvent accablant d’un inconscient collectif et familial auquel les personnages tentent d’échapper, hélas rarement avec succès. Il suffit de se rappeler le titre d’un opéra de Verdi : La force du destin !
Mes goûts me portent plutôt vers les opéras du 19° siècle et du début du 20° siècle : vous ne trouverez guère ici d’opéras baroques ou contemporains. Il me semble qu’un élément commun aux opéras de cette période (et d’autres périodes aussi, bien sûr !) est un déni de la féminité, mais que cette féminité empêchée de s’exprimer et de s’épanouir est malgré tout bien présente et se retrouve notamment dans la musique. N’est-ce pas Wagner qui disait écrire sa musique avec la partie féminine de son âme — en termes jungiens, avec son anima ?
Une précision enfin : je ne suis pas musicologue, ni même musicienne, tout juste mélomane et passionnée d’opéra. Savoir ce qui prime dans un opéra, musique ou livret, peut conduire à bien des discussions ; cela a même fourni le thème de Capriccio, le dernier opéra de Richard Strauss. Sans prendre ici partie, je mentionnerai simplement que mes analyses se fondent sur l’analyse symbolique du livret et sur son amplification. Si vous avez l’impression que l’analyse que je présente d’un opéra donné conforte ce que la musique dit, ou — plus intéressant encore — en diffère, voire s’y oppose, n’hésitez pas à m’en faire part. Toute possibilité d’approfondissement et d’extension de mes analyses m’intéresse !