Turandot avant Puccini

Puccini et ses librettistes se sont basés sur un conte, d’origine orientale et connu en Europe occidentale depuis trois siècles, et qui avait déjà fourni matière à de nombreuses adaptations littéraires : sans même parler des pièces de théâtre, ASO recense dans son numéro sur Turandot douze opéras avant celui de Puccini, le seul relativement connu étant celui de Busoni, et trois opéras par la suite. Avec celui de Puccini, cela fait au moins seize opéras sur le thème ! Une telle abondance de versions fournit à l’évidence la preuve de la persistance de son thème fondamental dans l’inconscient occidental des siècles derniers.

Je ne prétends pas à une étude exhaustive : je me limiterai aux plus notables des versions antérieures à Puccini, à fins de comparaisons et amplifications.

Tout commence donc avec un conte des Mille et un Jours, oeuvre que l’orientaliste Antoine Pétis de la Croix fait paraître en 1710 ; ce conte serait adapté d’une œuvre de Nezâmi Gandjavi, poète persan du 12ème siècle. En 1762, le vénitien Carlo Gozzi en donne une version théâtrale en italien sur le mode de la commedia dell’arte. La pièce de Gozzi est adaptée en allemand par Friedrich Schiller une quarantaine d’années plus tard, en 1804. Au début du 20ème siècle, Karl Vollmueller traduit à son tour en allemand la pièce de Gozzi ; sa version est représentée en 1913 avec une musique de scène écrite par Ferrucio Busoni, que celui-ci reprend dans l’opéra Turandot créé quelques années plus tard, en 1917. Trois ans plus tard, Puccini et ses librettistes décident d’écrire leur propre version du conte de Turandot.

À part la version de Nezâmi qui est très différente et dont il n’est pas clair qu’elle soit la source du conte de Pétis de la Croix, toutes ces versions partagent des points communs sans être totalement identiques, et il est intéressant de remarquer leurs différences sur deux points importants : les motivations que donne Turandot elle-même de son comportement, et les énigmes qu’elle pose.

Retour à Turandot