La mise en mouvement

Le nombre trois structure tout l’opéra, aussi bien avec les trois énigmes de Turandot qu’avec les trois ministres, les trois réponses de Calaf à Altoum lorsque celui-ci cherche à le dissuader de prendre part à l’épreuve, les trois interventions des ministres auprès de Calaf, les trois portes souvent mentionnées dans les didascalies du livret, etc. Mais le nombre quatre, symbole du Soi, apparaît avec l’énigme de Calaf et c’est lui qui provoque le dénouement positif de l’opéra.

Regardons l’évolution entre le début et la fin de l’opéra. Dans les deux cas, les personnages principaux sont trois : Calaf, Liu et Timur au début ; Calaf, Turandot et Altoum à la fin. Au début Turandot est invisible ; à la fin, il reste Calaf, Turandot et Altoum ; Liu est morte et Timur la rejoindra (c’est implicite dans le livret). Calaf est le seul qui soit toujours présent ; Turandot et Altoum ont remplacé Liu et Timur : dans les deux cas, une figure féminine et une figure paternelle, le père de Calaf a été remplacé par celui de Turandot.

Ce nombre trois est omniprésent dans l’opéra. Sur sa symbolique, je suivrai M. L. von Franz qui le voit comme en rapport avec le mouvement, le temps, et donc avec le mouvement irréversible de la vie. Le trois symbolise la mise en mouvement, et c’est bien ce que l’opéra montre. Alors que rien ne changeait depuis des siècles, la naissance de Turandot a enfin fait évoluer les choses – certes très difficilement au début, mais l’essentiel est que l’évolution a eu lieu.

La situation a évolué en partant d’un état où les deux personnages féminins étaient l’une invisible (Turandot), l’autre esclave et sous une forme maternelle (Liu), et est arrivée à un état où l’un des personnages féminins (Turandot) forme un couple amoureux avec le principal personnage masculin (Calaf).

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