Une verrerie abandonnée avec un foyer de forge à gauche, et à droite une auge de pierre dans laquelle s’écoule l’eau qui sort d’un rocher. Au fond, par la porte, on voit les montagnes.
Venu des montagnes, le faune entre, accueilli par l’ondin qui émerge de l’auge. Ils se plaignent de l’intrusion de l’homme dans leur domaine : celui-ci trouve les métaux et abat des arbres pour sa forge. L’ondin se désole de le voir forger des bijoux pour sa bien-aimée Rautendelein ; il souhaiterait la mort de Heinrich, mais la grand-mère le protège.
Rautendelein entre, apportant les cristaux et la poussière d’or qu’elle a ramassés dans la montagne. L’ondin, jaloux, replonge dans l’eau et disparaît ; Rautendelein chasse ensuite le faune après lui avoir expliqué ce que fait Heinrich : il travaille pour les sauver, car ils sont tous maudits même s’ils ne le savent pas. Restée seule, elle dit sa lassitude, son envie de se reposer.
Dehors, le curé arrive, suivi du barbier. Il reproche immédiatement à Rautendelein d’avoir attiré Maître Heinrich dans les montagnes par son art magique, de l’avoir volé à sa famille. Mais Heinrich arrive justement, qui salue le curé. Celui-ci s’étonne de voir Heinrich guéri et si plein de vigueur. De son côté, Heinrich se réjouit que le curé soit venu le voir, ait fuit le service des hommes pour chercher Dieu. Il jure, par le coq, le cygne et la tête de cheval, de prendre le curé pour ami — mais celui-ci s’étonne de ce serment fort peu chrétien ! Puis Heinrich exprime son bonheur de sa guérison, du printemps qui fleurit dans son jardin, de Dieu qui a permis tout cela, et parle ensuite de son projet : un jeu de cloches qui sonne de lui-même. Questionné par le curé, il explique que ces cloches ne sont pour aucune église, et que celui qui lui a passé commande est celui-là qui fait pousser le sapin. Incompréhension du curé, à laquelle Heinrich répond en exaltant le Père originel, le Soleil. Horrifié, le curé affirme alors qu’il est venu pour sauver Heinrich de sa détresse. Puis il lui rappelle la famille qu’il a laissée dans la vallée. Mais si Heinrich est ému, il sent que, depuis qu’il a été rénové dans l’amour, il n’a plus le pouvoir de les consoler. Ces paroles provoquent la colère du curé : ce n’est pas Dieu, mais son ennemi, qui inspire Heinrich ; il doit chasser la courtisane, l’esprit damné, et il sera sauvé. Heinrich rappelle que c’est à elle qu’il doit son retour à la santé, mais le curé rétorque qu’il aurait mieux fallu qu’il meure. L’incompréhension entre les deux hommes est totale, et le curé menace Heinrich d’une révolte de la foule qui viendrait détruire son atelier et allumer un bûcher.
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